Ventes d’art américain à New York : Hopper et Rockwell aux sommets

[10/12/2013]

 

Pendant que Miami et sa pluie de foires attiraient tous le gotha de la scène contemporaine, la Grosse Pomme, elle, présentait son volet hivernal de ventes d’Art Américain*. Le 4 et 5 décembre dernier, Sotheby’s, Christie’s, Bonham’s ont ainsi dispersé plus de 300 lots et enregistré quelques records historiques, l’occasion de faire un tour d’horizon des temps forts de ces dernières ventes.

Le 4 décembre au matin Sotheby’s ouvrait le bal et réalisait son 2ème plus beau chiffre d’affaire pour cette section en totalisant plus de 72,7 m$. Cependant, si cette performance est derrière celle enregistrée en mai 2008 (avec près de 75m$), elle compte trois fois moins de lots (68 lots en 2013 contre 214 en 2008). La présence de 7 oeuvres majeures du peintre et illustrateur Norman Perceval ROCKWELL issues de la Stuart Familly Collection ont joué un rôle majeur quant au succès de la vente. A l’origine de cette collection, Kenetth Stuart n’était autre que le directeur artistique du magazine Saturday Evening Post pour lequel Rockwell réalisait les couvertures qui l’ont rendu célèbre. Le lot phare de la vente Saying Grace, considéré comme son chef-d’œuvre, a trouvé preneur pour plus de 41 m$ récoltant à lui tout seul plus de la moitié du chiffre d’affaire de la vacation. Image emblématique de l’Amérique des années 50, l’huile sur toile de 1951 détrône le précédent record de l’artiste qui n’avait pas été révisé depuis l’adjudication en 2006 de Breaking Home Ties pour 13,7 m$ (Sotheby’s New York, le 29 novembre 2006). Deux autres toiles de Rockwell ont aussi signé de beaux résultats : The gossip a été cédée 7,4 m$ et Walking to Church 2,75 m$, preuve encore que la maison de vente doit beaucoup à la dispertion des oeuvres de la Stuart Familly Collection.

Plus humblement, Bonhams réalisait quelques heures plus tard 4,27 m$ de chiffre d’affaire avec la mise en vente de 123 lots. Deux oeuvres de Norman Perceval ROCKWELL ont, là encore, mené la danse : Girl Choosing Hat s’est échangée pour 1 m$ soit 400 000 $ de plus que son estimation haute et Study for ‘The Facts of life’ cédée 780 000 $. Une petit portrait, oeuvre de jeunesse d’Edward Hopper, Seated Gentleman with Red Tie (1901, 45 x 25 cm), a également trouvé preneur pour 45 000 $.

Le 5 décembre, Christie’s clôturait la cession d’Art Américain en beauté grâce à la mise en vente d’un autre chef d’œuvre de la peinture américaine : East Wind Over Weehawken d’Edward HOPPER. Si la moindre présence d’une toile d’Hopper dans une vacation déchaine les passions c’est parce qu’elles sont plus souvent croisées dans les musées qu’en salles des ventes. Et pour cause, depuis son entrée en salle en 1991, seule vingt huiles sur toile sont passées à l’encan. Justement issue d’une collection muséale, celle de la Pennsylvania Academy of the Fine Arts, ce paysage urbain de 1934 regroupe nombre d’ingrédients qui ont fait la gloire d’Hopper incluant cette atmosphère solitaire et mystérieuse si particulière à son univers. La dernière œuvre de cette trempe avait trouvé preneur en 2006 à 24 m$ (Hotel Window, Sotheby’s New York, le 29 novembre 2006), East Wind Over Weehawken a donc été sans surprise adjugée au delà à 36 m$ devenant haut la main le nouveau record de l’artiste. Le produit de vente de cette huile sur toile a pour vocation de permettre de nouvelles acquisitions, la Pennsylvania Academy of the Fine Arts va pouvoir s’en donner à cœur joie ! De son côté, Christie’s réalise grâce à cette oeuvre plus de 66 m$ de chiffre d’affaire, son meilleur pour la catégorie vente d’art Américain.

Si la plus belle adjudication pour un artiste américain toutes périodes confondues revient aux 94 m$ de Silver Car Crash (Double Disaster) d’Andy WARHOL (Sotheby’s New York, le 13 novembre 2013), les adjudications de Saying Grace et East Wind Over Weehawken sont deux nouveaux records pour une œuvre présentée lors d’une cession de vente d’Art Américain*. Témoins de l’histoire américaine, elles le sont aussi de la haute tenue du marché très haut de gamme et de la vivacité du marché américain.

*L’expression vente d’Art Américain englobe peintures, sculptures et œuvres sur papier réalisées aux États-Unis depuis la période coloniale jusqu’aux années 50.